Année de transition pour Venise, après la nomination-roue de secours de Moritz De Hadeln, ex-boss du Festival de Berlin, à la tête de cette Mostra. Tout porte à croire que son mandat ne sera pas renouvelé l'an prochain. Lui-même n'a d'ailleurs pas complètement intégré son transfert vénitien. A la cérémonie de remise d'un prix pour l'ensemble de sa carrière à Michelangelo Antonioni, De Hadeln s'est mélangé les animaux et a commencé son discours en se disant très honoré de lui remettre un «Ours d'honneur... heu, scusi, un Lion bien sûr, ha, ha !». Le soir, un dîner de gala réunissait une centaine de con vives dans le hangar du petit aérodrome du Lido, pour fêter dignement l'auteur de Blow up dans une ambiance d'émission de variétés de la Rai. Un orchestre de bal (batterie, guitare électrique, accordéon...), juché sur une estrade, au milieu de convives torpillés de spots bleus, jouait à plein volume pendant les agapes. Des rôtissoires géantes semblaient vouloir faire revivre aux invités les sensations extrêmes des sacrifices humains au dieu Baal dans le Salammbô de Flaubert. Sur chaque table, un petit poisson dans un aquarium invitait à méditer sans doute sur le fameux thème antonionien de l'incommunicabilité (au demeurant totale grâce à l'orchestre). Le maître, aphasique et diminué depuis une attaque cérébrale, trônait avec ses proches à une table éclairée de blanc.
Dimanche soir, Gong Li annoncera le palmarès de la sélection officielle et Ghassan Abdul Khalek, celui de la séle