Deauville envoyé spécial
Alors qu'au lendemain du 11 septembre on nous annonçait qu'on ne tremblerait plus au cinéma, que seule la mièvrerie aurait droit de cité à Hollywood, l'inverse semble s'être produit, si l'on se fie au 28e Festival du cinéma américain de Deauville. C'est chaque jour, depuis une semaine, la prime à qui hissera avec le plus de colère possible la bannière d'un Etat en demande de comptes. Pas aux Arabes, mais à l'Amérique elle-même, à ses peurs. Du coup, on se remet à s'engueuler, à briser des vitres comme des tabous, à se comporter comme des ados en crise.
Doute. Matt Dillon a mis sept ans pour arriver à monter son City of Ghost. C'est seulement aujourd'hui que l'on veut voir son film au parcours oedipien compliqué, décentré, qu'il est allé tourner au Cambodge. Comme pour renforcer plus encore le climat de cauchemar psychédélique que vit un homme à la recherche d'un peu de paternité, s'assommant les nerfs à la terrasse d'un bouge tenu par... Gérard Depardieu. Pourtant, le résultat déçoit, le talent de Dillon pour la réalisation étant beaucoup moins évident que ses dons d'acteur. En boitant, City of Ghost donne surtout l'impression d'un scénario certainement très réécrit par ses producteurs : cas d'école d'un film commençant bien (la première demi-heure) et finissant droit comme la justice. On y ressent néanmoins, avec toute l'épaisseur du doute, ce qui taraude l'Amérique actuelle : l'envie d'un rachat qui ne passerait plus par la nation forte et unie, mais