Son nom est moins connu du grand public que ceux de Richter, Horowitz, Rubinstein ou Michelangeli. Vlado Perlemuter, qui s'est éteint mercredi à Paris à 98 ans, était pourtant leur égal, un des maîtres du piano du XXe siècle, qui avait appris Chopin de Cortot et Ravel à la source. Un musicien équilibré, dont la profondeur de l'intonation, la rigueur élégante de l'articulation, l'ample respiration et la belle et chaude sonorité, tranchaient immédiatement avec le tout-venant virtuose. Le naturel contre la démonstration, la conduite de la ligne n'excluant pas l'attention aux détails dans Chopin, l'imagination la plus exubérante dans Ravel, ne doivent pas faire oublier ses Schumann, Fauré, Beethoven, Bartok, Liszt, tout aussi remarquables, appris avec Moritz Moszkowski et Alfred Cortot au Conservatoire de Paris.
Fils de rabbin. Fils d'un cantor rabbin joueur d'échecs, Perlemuter est né le 26 mai 1904 à Kovno, ville polonaise devenue Kaunas (Lituanie), avant, très jeune, d'émigrer à Paris avec sa famille pour échapper aux pogroms antisémites de la Russie impériale. A 9 ans, il apprend l'instrument qui lui permettra, dans un premier temps, de gagner sa vie en accompagnant des films muets ou sa compatriote, la soprano Marya Freund, passionnée de musique contemporaine.
A 16 ans, le blondinet timide éclipse ses rivaux, favoris annoncés de la compétition, et remporte le prix d'honneur du Conservatoire. Il rencontre aussi Fauré qui le dirigera en concert. Dans les années 20, après avoir