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Libération
Critique

Les accros du corps

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Les Texans du collectif de théâtre néoprimitif Core se suspendent à des crochets, sur scène, pour trouver l'extase.
publié le 7 septembre 2002 à 0h53

Ils débarquent de Houston (Texas) et semblent fatigués. Ils sont surtout en mode «relaxation», à quelques heures de leur performance parisienne. A première vue, Steve, Zelma, Byriah et leurs acolytes ressemblent à ces groupes de rock alternatifs, sillonnant les continents en bus au rythme d'un concert quotidien. A cette différence près qu'on ne peut pas suspendre son corps à des crochets enfoncés dans ses chairs tous les soirs. Il faut laisser cicatriser, et surtout redescendre du «flash». Un flash «visible à l'oeil nu», selon Steve Joyner, fondateur de Core, collectif de théâtre néoprimitif de 42 membres, qui exhibe les photographies d'une performance prises par différentes personnes, où il apparaît clairement qu'une aura lumineuse entoure le «supplicié».

Initiatique. Si le mouvement néoprimitif a démarré en Californie il y a plus de vingt ans, il n'a pas tardé à toucher le Texas, et Houston, qui fut longtemps la troisième plus grande agglomération américaine ­ que certains appellent la «troisième côte». Descendant des tribus Mississipi Choctaw et Pottawatomi, Steve Joyner a été initié enfant aux danses de la pluie et de la guerre, et a commencé par se percer dans l'adolescence, par identification au mouvement punk, dans l'ignorance des rituels de sa culture.

Militaire pendant huit ans, il a eu la révélation de sa force physique et psychique exceptionnelle lorsqu'il s'est retrouvé enfermé dans une cage sans pouvoir dormir, manger ou boire pendant trois jours. Mais il insiste,