L'Ars Electronica, le plus ancien festival de culture digitale, n'est plus à une contradiction près. Thème de l'édition 2002, débutée samedi : unplugged («non-connecté»). La manifestation autrichienne s'esbaudit des avancées de la réalité «mixte» ou des images 3D générées par les mouvements du corps, tout en se penchant sur le continent oublié de la société de l'information, l'Afrique ; quand les technobéats s'étonnent de découvrir une culture «débranchée», ils prêtent au mieux à rire en présentant concerts rap, mode, artisanat et vidéos déplacées. Le festival, d'un budget d'1,6 million d'euros (1), assume, avec ce savant mélange de conférences, de maquettes, de Net art et d'installations interactives, devenu sa marque de fabrique. Sans oublier les nuits qui mixent noise japonaise et electronica, danse et grands raouts populaires (90 000 spectateurs ont assisté à l'ouverture).
Limite mégalo. A trop jouer de ses contradictions, l'Ars Electronica pourrait bien se prendre les pieds dans le tapis. Salles bondées, spectacles à peine visibles, installations au bord de la déconnexion (le très beau Visitor : Living by Numbers, du Canadien Luc Courchesne, vision cinématographique à 360° que le spectateur conduit de la voix et du geste, marche au ralenti quand il ne plante pas). Et démesure limite mégalo de certains projets, tel Body Movies, de Rafael Lozano-Hemmer (prix Ars Electronica 2002 d'art interactif) : projetées sur les 1 200 m2 de façade de la mairie de Linz, des photos de pa