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Libération

A Perpignan, l'image se réfléchit

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Premier colloque sur le photojournalisme.
publié le 12 septembre 2002 à 0h57

«Visa pour l'image se met à réfléchir !» C'est sur ce trait d'autodérision bienvenu que Jean-François Leroy a lancé le premier colloque jamais organisé à Perpignan sur le photojournalisme. En trois séances ­ sur la crise, les rapports de la photo avec la réalité, et les con nexions du reportage et de la création ar tistique contempo raine ­, un public nombreux et concerné a été conquis. La présence de pointures de la photographie (Stanley Greene, Paul Fusco, Patrick Bard), de philosophes (Yves Michaud), de responsables de services photo de journaux du monde entier (dont Libération) et le regard décalé de rédacteurs du Monde diplomatique y ont été pour beaucoup. Il y eut deux temps forts dans ce colloque : l'intervention didactique et fine d'Yves Michaud sur la logique de la relation photo et réalité. Le philosophe, ancien directeur des Beaux-Arts, a décrit comment dans une société de surabondance iconique, le phénomène photo de presse fonctionnait. De la construction de l'image par le photographe («Posez-vous la question de savoir où il se trouvait quand il a pris ce cliché») à la perception, elle aussi construite, du public, en passant par la sélection puis l'exploitation. Puis Edgar Roskis, chroniqueur photo au Monde diplo, à l'aide d'un humour acide et de la projection d'une trentaine de clichés (certains montrant la masse de reporters comme autant de charognards autour de mourants au Rwanda), a démontré qu'il était de plus en plus rare qu'une photo renvoie à la réalité.