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Libération
Interview

Le Christ s'est arrêté à Shaanxi

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publié le 12 septembre 2002 à 0h57

L'exposition de Yang Yankang, présentée au couvent Sainte-Claire à Perpignan, respire la sérénité et la ferveur. Une empathie visible a uni le photographe et ces catholiques du Shaanxi, écartelés entre leur fidélité à l'Eglise de Rome et leur dépendance envers l'Eglise officielle contrôlée par le pouvoir communiste. Cela donne des photos où les Chinois ressemblent un peu aux Espagnols de Christine Garcia-Rodero, ou aux Mexicains de Graciela Iturbide. Yang Yankang était à Perpignan pour la première fois. Homme de 48 ans, au crâne rasé, à la barbe noire, au visage doux, il ressemble à un moine souriant.

Débuts. «J'avais 12 ans au moment de la Révolution culturelle. J'ai vu les gardes rouges venir dans les temples et tout casser... J'ai commencé ouvrier dans une usine de chaussettes, puis je suis parti dans la zone d'économie spéciale (où le capitalisme était alors encouragé) de Shenzhen, en face de Hong-Kong. J'y ai travaillé comme boulanger dans un restaurant. Un jour, j'ai rencontré une dame qui venait de la même ville que moi. C'était la directrice du mensuel chinois le Photographe moderne. Elle m'a proposé de devenir livreur. A force de feuilleter le magazine, j'ai eu envie moi aussi de faire des photos. En 1986, à 32 ans, je suis parti faire mon premier reportage dans le Sichuan. En 1992, j'ai quitté la revue, créé une agence et une imprimerie, gagné de l'argent et pu m'acheter un Leica. J'ai monté un studio de publicité et suis devenu indépendant. J'ai commencé alors à ré