Un rare héron au loin sous les arbres, des cygnes dérivant sur l'eau et, comme découpée dans l'azur, l'abbaye de Royaumont. Chaque année, le festival Voix nouvelles y accueille une quinzaine d'étudiants venus de pays aussi divers que la Corée, l'Argentine ou la Finlande, pour une session de composition supervisée par des musiciens reconnus. Si le travail de ces professeurs consiste à aider les étudiants à écrire une oeuvre (qui sera jouée le 28 septembre lors d'un concert public), ils donnent également des cours durant lesquels ils analysent leurs oeuvres.
C'est le cas de Jonathan Harvey, que l'on retrouvait en début de semaine, en train d'expliquer Wheel of Emptiness, une composition de 1977, enregistrée l'an dernier par l'Ensemble Ictus. Forme globale, structures mutant en permanence et couleur spectrale n'empêchent pas des logiques strictement romantiques de tension ou d'accumulation d'être encore à l'oeuvre, dans cette pièce que Harvey décrit comme «la construction de châteaux de sable, détruits régulièrement par les flots».
Nature. Né le 3 mai 1939 dans le Warwickshire, Harvey tient d'une mère violoncelliste et pianiste amateur, et surtout d'un père pianiste et compositeur (également amateur) sous influence Fauré, Scriabine, Busoni et Sibelius. Richesse harmonique et conscience de la nature sont deux traits fondamentaux de l'oeuvre à venir, qu'enrichira plus tard la fréquentation de compositeurs comme Messiaen.
Enfant de choeur, pianiste, violoncelliste au sein du National