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Libération
Critique

Le chant envoûtant de Tito Paris

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publié le 2 octobre 2002 à 1h16

Fesse posée sur un tabouret rouge, jean amarré à de larges bretelles, guitare sèche, Tito Paris susurre une morna de son archipel natal, le Cap-Vert, îles sans pluie au large du Sénégal. Polo sombre, yeux verts, un homme se lève et le rejoint sur scène. Le chanteur au regard émeraude est Camané, trentenaire incarnant la relève des anciennes gloires du fado (il sera en mai au Théâtre de la Ville). Tito Paris, lui, a été deux fois «platine» au Portugal.

Nous sommes sur les vieux docks du port de Lisbonne, réhabilités en restaurants et clubs de nuit chic. Au Speakeasy, Tito Paris présente son nouveau disque nommé d'après sa grand-mère, Guilhermina. Bobos, créatifs et journalistes, hormis trois ou quatre Noirs, le public est exclusivement blanc. Aristides «Tito» Paris est accompagné par des joueurs de cavaquinho (la petite guitare brésilienne) et batterie (trop forte), basse, synthé, bongos, trompette. De sa voix de ténor, étonnante vu sa frêle carrure, il colporte la fluide et mélancolique morne, mais aussi les tempos plus brûlants de son pays, tels la chaloupée coladeira ou le sombre et charnel funana.

L'auditoire de ces rythmes s'est élargi depuis l'avènement de Césaria Evora. «Elle a plus fait connaître le Cap-Vert que le gouvernement. Grâce à elle, nous avons une occasion de nous exporter à ne pas rater», analyse Tito, qui a écrit quelques textes pour celle qui est née, comme lui, sur l'île de Mindelo. Installé depuis près de vingt ans à Lisbonne, il a tenté à deux reprises d