Le premier festival parisien Art et Squats (Libération du 14 septembre) est terminé, mais la bataille pour la reconnaissance de ces lieux n'est pas gagnée. Pendant trois semaines, les collectifs ont redoublé d'initiative avec le concours du Palais de Tokyo. Mais cette manifestation a aussi exacerbé les discussions entre activistes sur le devenir de la mouvance. Lors du dernier débat organisé au Palais, «Quel avenir pour les squats d'artistes ?», planait le projet de loi Sarkozy dévoilé le jour même dans la presse : le délit «d'installation dans un bien immobilier d'autrui» pourrait être pénalisé de six mois d'emprisonnement et 3 000 euros d'amende. Les squatters, qui s'attendent pour certains à des expulsions imminentes, ont bien compris qu'ils étaient, au côté des sans-logis et des prostituées, comptabilisés parmi la «classe dangereuse». Le débat tourna donc à la fustigation d'un Paris riche, pourtant doté de nombreux bâtiments inoccupés, capitale aux loyers impraticables pour des artistes (étudiants ou au RMI).
Au coeur de la mêlée. A la tribune, les artistes Pierre Manguin, de Baltazzart, et Gaspard Delanoë, de Rivoli, ont eu du mal à rappeler leurs objectifs respectifs. «Cela fait vingt ans que ces squats existent à Paris, que des artistes bravent l'interdit afin de travailler collectivement. Le combat va être encore plus difficile ! Faudra-t-il encore vingt ans pour trouver une forme de légalité, pour établir des conventions de baux précaires avec les propriétaires ?» la