Menu
Libération

Mort de l'écrivain Jacques Borel

Article réservé aux abonnés
Autobiographe, il avait obtenule prix Goncourt en 1965.
publié le 2 octobre 2002 à 1h16

Jacques Borel, qui est mort le 25 septembre à Paris, à l'âge de 76 ans, était de ces écrivains dont l'oeuvre est essentiellement une autobiographie, sans cesse recommencée, sans cesse enrichie : «La mémoire m'est longtemps apparue comme la dépositaire de l'être même», écrivait-il en présentant les extraits des carnets tenus sa vie durant, Journal de la mémoire (Champ Vallon, 1994). Ce lecteur passionné de Proust, usant d'une phrase très longue et complexe, a remporté le Goncourt en 1965, pour l'Adoration (Gallimard, dans la collection «Le chemin» de Georges Lambrichs). Il avait 40 ans, c'était son premier roman. Puis, il a suivi sa voie, sans s'attirer les faveurs du grand public.

La mère est l'objet de l'Adoration, la Dépossession, en 1973, transcrit sa démence. Rangés sous la rubrique «autobiographie» ou «récits» ou «essais» dans la bibliographie de Jacques Borel, le Retour, l'Effacement, le Déferlement, l'Attente. La clôture, sont autant d'explorations de la mémoire. Borel attend cependant 1997 pour raconter vraiment son enfance, lui dont on pouvait penser qu'il en avait tout dit. Cela s'appelle l'Aveu différé (Gallimard), et cette confession torrentielle trouve son prolongement dans un petit texte paru au début de cette année 2002, Rue de l'Exil (éditions Virgile).Dans sa langue inimitable, voici comment Jacques Borel relate le profond traumatisme du petit garçon de la campagne, élevé finalement dans un bordel tenu à Paris par son oncle et sa tante : «Certaines existences