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Libération

Ken Loach censuré pour 200 «fuck»

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Son dernier film a été interdit aux moins de 18 ans au Royaume-Uni.
publié le 5 octobre 2002 à 1h18

Londres de notre correspondant

Les adolescents défavorisés des environs de Glasgow ont prêté leurs voix rocailleuses et leurs jurons à la dernière fresque sociale de Ken Loach, Sweet Sixteen. Mais ils ne pourront pas s'entendre parler sur les écrans du Royaume. La commission britannique de la censure, le British Board of Film Classification (BBFC), a jugé leur langage «grossier». Et, à la colère du réalisateur, interdit aux moins de 18 ans le film qui, au festival de Cannes, a reçu le prix du meilleur scénario.

«Très agressif». Les censeurs de la couronne ont relevé qu'en 105 minutes, les acteurs, en majorité des non-professionnels, prononcent 200 fois le mot «fuck». Mais c'est surtout l'emploi de «cunt» (chatte) qui vaut cette mise à l'index. Un terme «très fort, très agressif», selon la commission, qui abrite sa décision derrière un sondage effectué auprès du public britannique. «S'il avait été utilisé à une seule occasion, nous aurions peut-être fixé la limite d'âge à 15 ans, mais il revient à vingt reprises», explique son porte-parole. Ken Loach dénonce un préjugé de classe : «Vous vouliez que je leur fasse dire "Juste ciel !", a-t-il lancé à l'un de ses détracteurs. C'est le parler de la rue, de la cour de récréation. La plupart des jeunes emploient ces mots plusieurs fois par jour (...) Ces gosses n'ont pas le droit d'entendre leur propre langage. Ils peuvent être choqués par le gore sanglant de la propagande américaine qu'ils sont autorisés à voir, mais pas par ce film.