C'est une anecdote à la Suzy et les Baker Boys que le producteur Felton Jarvis ne se lasse pas de raconter. «En 1966, Mickey Newbury est entré dans mon bureau de Nashville décidé à me faire écouter quelques-unes de ses chansons. Pour en avoir déjà entendu une centaine ce jour-là, je n'étais pas loin de la saturation. Mais à peine avait-il ouvert la bouche, que je restais tétanisé. Sa voix et ses chansons étaient grandioses. Je compris que personne ne m'empêcherait de l'enregistrer.»
Bien qu'il ait gravé une quinzaine de disques en presque trente années de carrière, c'est pourtant comme songwriter, et non comme chanteur, que Milton «Mickey» Newbury a flirté avec la notoriété. Celle-ci apparaissant enfin à sa portée lorsqu'Elvis Presley décida de faire de sa suite An American Trilogy (Dixie, Battle Hymn of the Republic, All My Trials) l'une des pièces maîtresses de ses prestations scéniques, censée clore en apothéose la plupart de ses concerts.
Mais Mickey Newbury n'a pas été chanté que par le seul monarque de Memphis. Dans la foulée de Don Gibson, le premier à enregistrer l'un de ses titres (Funny Familiar Forgotten Feelings), divers artistes tels Tom Jones, Andy Williams, Kenny Rogers, Eddy Arnold, Joan Baez, Jerry Lee Lewis, The Byrds ou The Box Tops exploitèrent son répertoire. Sans oublier Ray Charles, Bobby «Blue» Bland et Solomon Burke.
Petit loup blanc. Même s'il s'est toujours revendiqué «folksinger», Mickey Newbury a en effet débuté, à 18 ans, dans le rythm'n blues, en