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Libération
Critique

«Personne ne m'aime», se lamente Adolf

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publié le 15 octobre 2002 à 1h25

Vienne de notre correspondant

A Vienne, Meldenmannstrasse sert de métaphore à l'exclusion sociale. Lorsqu'un homme dit de lui-même : «Je suis bon pour la Meldenmannstrasse», tout le monde comprend que le pauvre type est au bout du rouleau, privé de toutes ressources psychiques et financières. Au numéro 27 de cette rue tranquille, située à quelques minutes en tram du centre-ville, se trouve le plus vieil asile pour sans-abri de la capitale autrichienne. En 1905, l'hospice accueillit pendant trois années, de 1910 à 1913, un certain Adolf Hitler. Jeune peintre de province, il était monté à la capitale pour passer le concours d'entrée à l'Académie des beaux-arts, qu'il échoua lamentablement.

C'est «à cette époque que se forma ma vision du monde, qui deviendra le fondement de mon action d'aujourd'hui», est-il écrit dans Mein Kampf. De ces années à la Meldenmannstrasse, le grand dramaturge juif hongrois (de langue anglaise), George Tabori, en tirera une «farce», intitulée, par dérision, Mein Kampf.

Déménagement. Aujourd'hui, l'asile est en ruine. Trois cents clochards, malades, alcooliques, dépressifs, continuent de l'habiter, dans des conditions sanitaires épouvantables. A tel point que la municipalité de Vienne a décidé de fermer le lieu d'ici à la fin de l'année. Et de «déménager» ses habitants dans un bel immeuble tout neuf, construit dans un quartier sans âme, à l'extrême périphérie de la ville.

Quelques semaines avant que cet immeuble «historique» soit rasé, une troupe d'acteurs