Alexandrie envoyé spécial
La cité de Cléopâtre s'est sentie frissonner : ce n'est pas tous les jours qu'on assiste à la (re) naissance d'une légende. Dans le rôle des bonnes fées, un aréopage de grands de ce monde, du raïs égyptien Hosni Moubarak à Jacques Chirac, en passant par les reines d'Espagne et de Jordanie, ou les Nobel de littérature Naguib Mahfouz et Wole Soyinka. Dans le rôle de la légende, un monumental disque de granit et de verre, posé en bord de mer : la Bibliotheca Alexandrina, deuxième du nom. Mille six cents ans après la disparition dans les flammes de son illustre ancêtre, la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie a ouvert ses portes hier. Non sans mal. Quinze années de retards, annulations, budgets explosés et polémiques ont rythmé la construction de ce complexe culturel ambitieux, doté d'une bibliothèque, mais aussi d'un planétarium, de trois musées, de laboratoires de recherches, de galeries d'art et d'un centre de conférences.
Controverses. L'Egypte veut que l'Alexandrina soit «une fenêtre sur le monde», un lieu d'échange et de débat. Sur ce dernier point, la bibliothèque n'a pour l'instant pas déçu, tant sa genèse a généré de controverses. L'emplacement même du bâtiment a suscité la fureur des archéologues qui pensent que se dressait là un palais des Ptolémées. Six mois de fouilles in extremis ont permis de sauver des tracto-pelles de splendides mosaïques, conservées depuis au musée gréco-romain de la ville. Et tant pis pour le reste. «Pas le choix : ici, d