Menu
Libération
Critique

Tempête de sable dans une HLM privée d'eau

Article réservé aux abonnés
publié le 17 octobre 2002 à 1h26

Une coupure d'eau, et la vie ordinaire d'une tour HLM bascule dans une histoire à dormir debout. La blonde Vanina Derval, laborantine de son état, oublie sa journée et s'endort sur le canapé du salon d'un sommeil aussi puissant qu'un sortilège. Elle se rêve prisonnière du cheikh Al-Abou ibn Youssouf. Et son rêve envahit les couloirs de l'immeuble, où bientôt souffle le vent chaud du désert qui attise le désir des femmes, bloque Khalil, l'amoureux de Fatima (la colocataire de Vanina), dans l'ascenseur et jette le voisin d'en face au fond d'une bouteille de cognac, comme les djinns des contes d'Orient.

Première pièce créée en France de l'Allemand Roland Schimmelpfennig, Une nuit arabe, mise en scène par Frédéric Bélier-Garcia au théâtre du Rond-Point, sème les allusions aux Mille et Une Nuits dans un univers moderne et technique comme autant de grains de sable. Ce septième étage où l'eau s'évanouit et où habitent Vanina et Fatima, a sans doute aussi quelque chose du septième ciel pour les hommes qui s'y précipitent. Schimmelpfennig en rajoute et s'en amuse. La machine s'enraye, le quotidien s'avère poreux, jusque dans l'écriture elle-même, rondement menée, contaminée par les didascalies.

Charge maximale. Les personnages ne dialoguent qu'exceptionnellement ; le plus clair de leurs propos consiste à constater leurs actions et celles des autres. Vanina : «Je m'essuie, m'enveloppe dans une serviette et sors», ou Khalil : «J'ouvre la porte métallique, celle avec la petite fenêtre, et