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Libération
Critique

A sens unique

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publié le 24 octobre 2002 à 1h31

Cela se passe au sous-sol de Beaubourg, salles blanches et tuyauterie bleu Pompidou. C'est un non-spectacle, aux confins de la danse. Soit un unique spectateur, qu'un agent vient chercher au point de rencontre du niveau - 1 et qui s'installe sur un matelas-piano bien préparé. Là, le film commence, qui met en scène des danseurs plus ou moins autistes. Le spectateur, allongé dans la salle obscure, regarde le poste de télévision.

Poupées russes. Le chorégraphe Boris Charmatz, avec héâtre-élévision, a voulu une pièce en forme de poupées russes, réduite à un film lui-même réduit à une télévision et présentée dans une installation. Le tout pour suppléer à l'absence de spectacle vivant, ou plutôt rendre cette absence cruciale. Du secret et du désir circulent lors de cette projection privée : sur l'écran, les danseurs, eux aussi en bleu Pompidou, accordent un piano, chantent à tue-tête et surtout grimacent. Le corps n'est pas libre, souvent bloqué, dans des espaces encore plus confinés que la salle de projection.

Jusque-là, Charmatz nous avait habitués à des spectacles très physiques, où il était question de chair, de nudité. Il avait déjà cassé l'espace traditionnel de représentation avec, notamment, une structure métallique à trois étages autour de laquelle le public pouvait se déplacer. Il avait également utilisé la scène en en éclairant les moindres recoins. Là, il se met en retrait, se prive du contact avec le public et vice versa. Il interroge le statut de vivant avec une bande