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Libération
Critique

La mort, et un peu d'enfance

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publié le 24 octobre 2002 à 1h31

La mort, chez François Bon, est presque toujours ce qui déclenche l'écriture. «On a posé la main sur le front et les cheveux, et gardé la sensation de froid. Et puis la même main, le même matin, se saisira de l'urne brûlante. Les deux sensations coexistent, quoi qu'on fasse, dans la main droite, des jours et des jours. Justement la main qui écrit», note-t-il au dos de Mécanique, dernier récit paru (chez Verdier), un adieu au père et à l'enfance. Quatre avec le mort (Verdier aussi) en est un peu le pendant dramatique. Ecrit dans le même état de deuil, pratiquement sur le plateau du Studio-Théâtre. Au fil de séances de travail avec les acteurs de la Comédie-Française orchestrées par son complice, le metteur en scène Charles Tordjman, qui dirige la Manufacture de Nancy, l'homme par qui Bon est venu au théâtre.

Père. Ce mort, gisant dans le hors scène, c'est le père veillé par les vivants : Hirta la fille, Dun le fils et Boreray, sa femme. Le père qui les rassemble comme autour de l'enfance une dernière fois entrevue. «Hirta est l'îlot principal de Saint-Kilda, dans l'Atlantique Nord, au large des Hébrides, Boreray le prolonge, Dun est un pic qui leur fait face, de l'autre côté de l'ancien cratère immergé.» Bon revendique pour ses personnages des noms battus par les vents, dignes des grands tragiques.

Il n'est pas nécessaire de lire la citation en page de garde pour que la référence à Racine saute aux oreilles. C'est en alexandrins que l'auteur a composé sa partition, d'où l'étonn