envoyée spéciale à Tarbes
C'est un peu comme si d'étranges corps hybrides, monstrueux et très beaux, s'étaient frottés contre des surfaces de papier produisant des dessins en guise de caresses : une fée clownesque, un squelette au pénis en arabesques papillonnantes, une femme-centaure balançant une paire de grosses pompes à talons, un torse bardé d'étoiles pissant de l'encre, un bras musclé tenant dans la main un sexe au repos... Voici quelques fragments du bestiaire allumé de Jean-Luc Verna (artiste français né en 1966).
Mythologie grinçante. Ses figures sorcières tiennent à la fois de l'iconographie chrétienne, du perfo-rock SM ou du gothique 80's. La preuve, les titres, souvent doubles, dont il les affuble : «Bartolomeo Ammannati, studiolo de François Ier de Médicis 1572 ; Wendi'O Plasmatics, début 1980» ou bien «Reine Karomama XXIIe dynastie Egypte bronze ; Siouxsie Sioux au tambourin Intro Israel». Associant le peintre maniériste Rosso Fiorentino et Siouxsie and the Banshees, le Viennois Gustav Klimt et Debbie Harry (de Blondie), Otto Dix et Killing Joke ou encore Barbara, Diamanda Galás et Ingres, toutes ses références, loin de se tuer, forgent en fait une mythologie amoureuse et grinçante à la fois. Exemple : une frise d'hommes barbus, à la nudité à peine couverte d'un linge christique, fait face à un autre barbu. Lui, plus coquette, a sa chevelure relevée en chignon, une paire de talons aiguille, un corset gansé qui met en valeur ses seins.
La méthode de Jean-Luc Verna