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Libération
Critique

L’odyssée inachevée de shackleton

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Un livre, un film et une expo font revivre l’expédition en Antarctique de 1914.
publié le 7 novembre 2002 à 1h41

«Recherche hom mes pour voyage hasardeux. Mai gre salaire. Longs mois d’obscurité totale. Retour incertain. Honneur et reconnaissance garantis en cas de succès.» En janvier 1914, plus de 5 000 personnes écriront à Ernest Shackleton, l’auteur de cette énigmatique petite annonce parue à Londres. Vingt-cinq hommes, marins, chirurgiens, scientifiques sont élus pour un défi insensé : la traversée de l’Antarctique à pied en passant par le pôle Sud.

Par deux fois, l'Irlandais a déjà échoué dans sa conquête du pôle Sud. En 1902 avec Robert Scott, puis en 1907, quand il a foulé le pôle magnétique avant de rebrousser chemin à seulement 180 kilomètres du pôle géographique. Le virus des glaces est tenace. Shackleton affrète l'Endurance, un trois-mâts doublé d'un vapeur. Bourré de vivres, chargé de 69 chiens de traîneau, il quitte la Grande-Bretagne fin 1914. Shackleton avait offert ses services et son navire à l'Amirauté, mais Churchill, alors ministre de la Marine, lui donne l'ordre de larguer les amarres.

L'équipe s'étoffe en route. Un jeune Gallois de 19 ans est découvert, caché dans la cale. Il ne manque pas d'aplomb. Quand Shackleton lui explique que, dans les situations extrêmes, «c'est toujours le clandestin qui est mangé le premier», il répond tranquillement : «Ils auraient beaucoup plus de viande avec vous, Monsieur.» Le dernier homme, c'est l'Australien Frank Hurley, qui a rejoint l'équipage à Buenos Aires pour devenir le premier photographe de l'extrême. Il a pu sauver 150 phot