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La psychanalyse perd Pierre Fédida

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Auteur reconnu, il était spécialiste de la dépression.
publié le 7 novembre 2002 à 1h41

Est-il possible de faire un bon usage de la dépression ? Suffit-il qu'un médicament parvienne à ôter les symptômes de l'état dépressif pour guérir ? De quelle façon la psychothérapie peut-elle faire revenir à la vie ? Le dernier ouvrage de Pierre Fédida, les Bienfaits de la dépression (Odile Jacob, 2001) a rencontré un large public. L'entreprise qu'il y menait, celle de la fondation d'une psychopathologie fondamentale, capable de rendre compte du point de vue ontologique du phénomène de la «dépression vitale», était ardue : le psychanalyste l'explicitait de la façon la plus claire possible, se servant de cas cliniques, mais aussi de référence à des oeuvres d'art ou des personnages littéraires. La dépression, comme l'hypocondrie ou la mélancolie, était son souci premier, parce que s'y décelait le fragile équilibre d'une subjectivité qui tente malgré tout de se défendre contre la perte de sa propre identité.

Fils d'ouvrier. Pierre Fédida vient de mourir des suites d'une attaque cérébrale. Il avait 68 ans. Analysé par Georges Favez, il était membre de l'International Psychoanalytical Association et de l'Association psychanalytique de France (APF). Né à Lyon d'une famille d'ouvriers, il obtient son agrégation de philosophie en 1962 et est nommé assistant de psychologie à la Faculté de lettres de Lyon, où il enseigne jusqu'en 1967. Un temps assistant de Juliette Favez-Boutonier à la Sorbonne ­ à l'heure où faisait rage la bataille pour la reconnaissance de la psychologie clinique