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Libération
Critique

Crimp passionnel

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publié le 8 novembre 2002 à 1h42

Martin Crimp est né dans le Kent en 1956, le jour de la Saint-Valentin. Il a étudié à Cambridge. Ses parents, eux, n'étaient pas allés à l'Université. Il y a chez l'homme mince, devenu cet auteur de théâtre «apparemment en train de se faire un nom», comme il l'écrit lui-même avec humour, il y a chez lui une sorte de mise à distance perpétuelle, mêlée de sérieux ; énigmatique sans affectation, il sait que jouer du piano le rassérène. Cet élégant dégingandé, au visage aigu sous des cheveux clairs et fins coupés en un mobile carré mi-long, aura donc attendu 2002 pour être tout soudain «découvert» en France (1), alors que ses pièces ont déjà été montées en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Italie, en Roumanie, et qu'il s'est fait un nom à New York, notamment grâce à ses traductions des Chaises et du Misanthrope.

Entomologiste. C'est en lisant Ionesco que l'adolescent Crimp est venu au théâtre. Plus tard, il traduira Marivaux et Genet. Et c'est grâce à lui si la pièce ultime de Koltès, Roberto Zucco, a été jouée à Stratford-upon-Avon en 1997. La même année, le Royal Court donnait Attemps (Atteintes à sa vie), sa neuvième pièce. Le titre aussi bien signifie «tentatives» qu'«atteintes» : un kaléidoscope composé de dix-sept mini-scénarios pour un personnage de femme se glissant dans dix-sept rôles inconfortables, entre terrorisme et suffocation face au monde globalisé et laminant.

Martin Crimp appartient à la génération de ces «jeunes gens en colère» du théâtre anglai