Dans le programme de l'Epreuve du feu, la pièce du Suédois Magnus Dahlström qu'il crée au festival Mettre en scène à Rennes, Stanislas Nordey cite Julian Beck, le fondateur du Living Theatre : «Pourquoi ai-je choisi de faire du théâtre qui dérange plutôt qu'un théâtre agréable alors que j'aime faire plaisir aux gens ?» De fait, personne, au sortir des trois heures de la représentation, ne peut prétendre qu'il vient de vivre un moment de «théâtre agréable».
Calvaire. La pièce, inédite en France, se déroule dans un lieu indéfini qui pourrait être une antichambre de l'enfer et met aux prises huit personnages : un maître de cérémonie et sept assassins confessant à tour de rôle leur crime. La forme des récits varie peu et s'apparente à un procès-verbal de police, riche en détails sordides. Le tout forme une sorte de catalogue sanglant, avec une prédilection pour les meurtres d'enfants : une mère raconte comment elle casse les bras, les doigts, puis la nuque de son petit garçon qui rechigne à enfiler un pull-over ; un père décrit l'érection qu'il éprouve en changeant les couches de sa fille, puis la façon dont il la viole durant son enfance ; une femme détaille le calvaire du garçonnet qui lui a été confié, d'abord fouetté, puis émasculé, avec l'aide de ses deux filles.
A l'écriture de Dahlström, Nordey offre une caisse de résonance terrifiante. «Pour moi, rappelle le metteur en scène, il n'y a rien de plus violent que la parole. J'aime ne pas déléguer aux images la puissance de l'é