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Fissures dans le patrimoine mondial

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Le concept instauré par l'Unesco il y a trente ans est souvent dévoyé.
publié le 12 novembre 2002 à 1h44

Jeudi, l'Organisation des Nations unies pour la culture, l'éducation et la science (Unesco) célèbre à Venise le trentième anniversaire de la convention qui a instauré la notion d'un «patrimoine de l'humanité», au moment où ce beau concept est confronté à une profonde crise d'identité. Six cents diplomates, mais aussi experts du patrimoine, artistes, hommes d'affaires ou intellectuels sont attendus à un congrès de trois jours. Signée par 175 Etats depuis le 16 novembre 1972, la convention apparaît comme le succès le plus évident d'une organisation au bilan généralement contrasté. La Liste du patrimoine mondial, à laquelle elle a donné naissance, compte aujourd'hui 730 sites «de valeur universelle exceptionnelle», allant des temples d'Angkor aux pyramides du Caire, en passant par la ville de Venise et l'Acropole d'Athènes. En fait, derrière cette façade, les fissures se multiplient, comme le montre une «liste noire» des sites en difficulté, qui circule de manière confidentielle au sein de l'Unesco (lire ci-contre).

Le concept de patrimoine mondial apparaît comme victime de son succès. Son ambition initiale est pervertie par nombre d'Etats, qui s'en servent comme d'un label touristique, sans se soucier vraiment des mesures de conservation. Le cas le plus flagrant est celui de Katmandou. «En 1979, lorsque cette vallée du Népal a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial, c'était un petit paradis», souligne Francesco Bandarin, directeur du Centre du patrimoine. Aujourd'hui,