Manuel Alvarez Bravo est mort à l'âge de 100 ans, le 19 octobre, chez lui à Coyoacan. L'ami d'Henri Cartier-Bresson a été enterré dans une intimité encore plus stricte que souhaitée. Aucun représentant du gouvernement n'est venu saluer la dépouille du vieil artiste. Pourtant, le Mexique officiel sait bien ce qu'il doit à Alvarez Bravo. Et d'ailleurs aux photographes en général, d'Augustin Victor Casasola à Pablo Ortiz Monasterio. Il sait qu'ils ont fait de ce pays une étape inévitable sur l'atlas de l'art contemporain. Pour preuve, le nombre d'expositions photo envoyées par Mexico dans le cadre de la semaine de la culture mexicaine à Paris : images d'Alejandra Figueroa, Eniac Martinez, Raul Ortega, Cesar Saldivar, Juan Rulfo et Tina Modotti.
Il est intéressant de revenir sur ces deux derniers noms de légende. Depuis sa mort en 1986, la notoriété du romancier Juan Rulfo auteur d'un seul roman (Pedro Páramo), de quelques rares mais splendides nouvelles (El Llano en llamas) et de scénarios étranges n'a cessé de croître. Puis, on apprit un jour que cet enfant de la province du Jalisco dont l'instituteur de père s'était fait assassiner à la fin des années 20, pendant la guerre que menèrent les catholiques de l'Ouest contre le gouvernement anticlérical de Mexico avait réalisé un tas de photos (lire encadré). Sur les Indiens, la campagne, les chemins de fer...
Discret. En 1980, des amis réussissent à convaincre le discret écrivain, devenu fonctionnaire à l'institut indigénist