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Critique

Picabia, le peint quotidien

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L'exposition parisienne complète son image dada.
publié le 16 novembre 2002 à 1h47

Il y a deux manières de parcourir l'exposition Picabia (1). La première, positive, suit le déroulé chronologique adopté par l'accrochage. Depuis l'approche impressionniste (glanant Signac et Pissarro) des années 1904-1905 jusqu'aux derniers tableaux, dits «à points», du début des années 50, en passant par une multitude d'étapes intermédiaires, toutes plus sidérantes les unes que les autres. La seconde remonte le temps et s'adapte peut-être mieux à la vision nostalgique qui faufile l'ensemble de l'oeuvre.

L'une et l'autre se conjuguent pourtant comme la vie de Francis Picabia (lire encadré) tricotait sa peinture. Une de ses sources d'inspiration n'était-elle pas la Science et la Vie, revue de vulgarisation pourvue d'une documentation dans laquelle l'artiste piochait ? Science et vie rendent bien compte de l'addiction de Picabia à la peinture et de son désenchantement permanent à l'égard de ce mode d'expression usé jusqu'à la trame. Pour lui, tout est bon à peindre, à dépeindre et à repeindre (couche sur couche pour un grand nombre de tableaux), depuis les clichés paysagers jusqu'aux épures d'ingénieurs, voire aux «déchets de l'abstraction», selon l'expression des artistes suisses Fischli & Weiss, grands connaisseurs de Picabia qui ont participé à l'accrochage.

Refoulement. Ce sont en effet les artistes qui, les premiers, ont su lever le refoulement qui pesait sur cette oeuvre. Car un Picabia en cachait toujours un autre et, jusqu'à la fin des années 1970, les historiens essayai