Sifflotement au loin, bruit de pas dans la rue. Plus tard : «Un coup de feu. Le corps s’effondre.» Existence, la dernière pièce, inédite encore (à paraître à l’Arche), d’Edward Bond s’inscrit dans l’intervalle. Une quinzaine de pages serrées sur une situation intimiste : «x un jeune homme ordinaire/Tom/Ville/Maintenant.» Ni tribu d’humains en survivance dans un monde postnucléaire, ni climat néofasciste d’une équipée de soldats, cette fois le dramaturge des Pièces de guerre ouvre la porte d’à côté pour y planter une histoire affreusement banale qui, lorsqu’elle démarre, pourrait bien arriver à n’importe qui.
Il faut bien observer le décor lit, chaise, téléviseur quand on s'installe sur les gradins du théâtre-studio d'Alfortville où la pièce est créée pour la première fois , parce qu'on ne le reverra pas de sitôt, du moins pas en l'état. La quasi-totalité du spectacle se déroule dans le noir. Ce parti pris radical du metteur en scène Christian Benedetti a pour effet d'englober acteurs et spectateurs dans un seul et même espace d'inquiétude.
Am-stram-gram. Lorsque x (Vincent Ozanon) s’avance, entre dans l’immeuble, monte les escaliers, pousse la porte, insère une barre de métal entre la porte et le chambranle long prélimi naire que Benedetti règle très astucieusement par la bande-son lorsqu’il avance à tâtons, ouvrant un tiroir puis l’autre et fouillant, on éprouve fortement la violence de l’arbitraire qu’exerce x sur Tom (Rémi Pous) : «Am-stram-gram : toi.» La