Menu
Libération
Critique

Au pays du lapin fluo

Article réservé aux abonnés
A la Colline, Cadiot met son joyeux chaos en chair et en sons.
publié le 22 novembre 2002 à 1h51

C'est reparti. On ajuste les masques, on respire un grand coup. On plonge. Descente en vrille. Une heure vingt d'apnée sous la conduite des trois scaphandriers. Et du lapin fluo. La dernière fois, c'était avec le zouave. Domestique chez un colonel anglais, beaucoup de classe ; féru de photographie, pêche à la ligne, modélisme. Très observateur, voire caméléon, intarissable sur les fibres de la moquette, la sexualité de la voisine, le pilotage automobile. Un guide hors pair, un voyage formidable. Epuisant mais formidable. Sur la scène du Théâtre national de la Colline, le zouave est de retour et ils sont trois. Cinq ans après la création du Colonel des zouaves à Lorient, l'écrivain Olivier Cadiot retrouve le metteur en scène Ludovic Lagarde et l'acteur Laurent Poitrenaux pour une nouvelle expédition à laquelle se sont joints deux autres comédiens, Valérie Dashwood et Philippe Duquesne.

Emotion essentielle. L'espace est un peu plus vaste : une forme ovoïde passant par toutes les couleurs où les mouvements sont fluctuants. Tantôt, pour y tenir sans se gêner, il faut le concours de la chorégraphe Odile Duboc (une fidèle elle aussi, tout comme le musicien Gilles Grand), tantôt les corps s'éloignent et c'est un monde entier qui s'engouffre sur scène. Il y a dans l'écriture de Cadiot et dans la façon dont Lagarde la fait entendre au théâtre (la première fois c'était en 1993 avec Frères et soeurs), un plaisir communicatif qui renvoie aux émotions les plus essentielles, sur le modèle