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Libération
Interview

«Le punk rock est une zone libre»

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publié le 26 novembre 2002 à 1h53

Dischord est une petite légende. Quand les labels «indépendants» ont une durée de vie moyenne excédant rarement huit ans, la petite maison de disques de Washington DC n'a pas débandé depuis vingt-deux ans. Emblème d'un punk «hardcore» qui joue, plus vite et plus fort, des hymnes minéraux dépassant guère deux minutes trente, Dischord a hébergé plus d'une cinquantaine de groupes cultes comme Minor Threat ou Fugazi, dont l'influence dépasse largement la notoriété. Ses fondateurs, Jeff Nelson et Ian MacKaye, traînent une réputation de jansénistes éperdus qui détonne dans ce milieu. Sur chaque disque Dischord, est mentionné un prix «conseillé» pour éviter les marges injustifiées de certains revendeurs.

Adepte d'une hygiène de vie monacale (ni drogue, alcool ou cigarette), Ian MacKaye a par ailleurs composé un manifeste pour une vie saine (Straight Edge, chanté en 1981 avec Minor Threat), devenu l'hymne d'un mouvement ascétique dont certaines dérives intégristes l'embarrassent. Généralement peu disert face aux «gros médias», Ian MacKaye a profité d'une tournée européenne de son groupe Fugazi pour présenter le coffret qui célèbre, avec deux ans de retard, le vingtième anniversaire de son label et dévoiler une personnalité autrement affable que ne le veut sa légende.

Comment tient-on aussi longtemps?

En vivant au quotidien, sans stratégie planifiée. Dischord est une entreprise spontanée, née pour graver une trace des Teen Idles, le groupe dans lequel Jeff Nelson et moi avons fait nos débuts à la fin des années 1970. C