Canton envoyé spécial
C'est l'histoire d'un avion maudit. Le vrai comme le faux. Le vrai, un avion-espion EP-3 américain, avait eu une collision l'an dernier avec un avion chinois, et s'était posé en catastrophe sur une île chinoise d'où il avait dû repartir en kit. Le faux, oeuvre de l'artiste français d'origine chinoise Huang Yongping, en est à sa deuxième interdiction en deux ans.
Il y a encore une douzaine de jours, une carcasse d'avion de plus de 15 mètres de long trônait devant le musée de Canton, attendant les visiteurs à la première Triennale d'art contemporain qui a ouvert ses portes le lundi 11 novembre. Le dimanche, toutefois, des ouvriers ont achevé de démanteler l'avion, sur injonction des autorités et sans explication. Il a fallu pas moins de six camions pour en emporter les morceaux.
L'affaire a fait grand bruit dans la communauté artistique et, le lendemain, lors du vernissage, une pétition signée par la plupart des artistes chinois participant à la Triennale a circulé, qualifiant le démantèlement d'«inacceptable» et de «violation du droit d'expression». Dans une déclaration commune, deux commissaires de l'exposition, Wu Hung et Feng Boyi, se disent «choqués» par la destruction de l'oeuvre.
C'est la deuxième fois que l'avion subit ce sort : l'an dernier (Libération du 12 décembre 2001), une première représentation de l'avion EP-3 avait été écartée d'une exposition de sculpture franco-chinoise à Shenzhen, dans le sud de la Chine, Français et Chinois ayant trouvé i