Une exposition ne se regarde pas. A la rigueur, elle se visite. On dira plus volontiers qu'elle se fait. Faire l'Expo Beaubourg ne signifie pas qu'on l'a organisée mais qu'on y était. Y aller, c'est en être, à savoir faire partie de ceux qui fréquentent les musées et, plus spécialement, les endroits (on dira plutôt lieux) où se trouve de l'art contemporain. Comparée aux autres expositions, l'Expo Beaubourg marque sa différence par un oxymoron. C'est un rendez-vous grand public réservé à l'élite. Celle-ci est invitée avant celui-là, de préférence un mardi, jour de fermeture du musée.
L'Expo Beaubourg, ou ExB, obéit aux fonctions qui lui sont assignées, on dira plus volontiers à ses alibis culturels. Ces derniers composent une triade intentionnelle. L'ExB est pédagogique, communicationnelle et multimédia. Sa pédagogie se manifeste par l'apposition de phrases, souvent des citations, en bas-relief sur les cimaises, de préférence ton sur ton. Elles ont pour but de fournir un sens à ce qui resterait opaque aux spectateurs. Il n'est donc plus besoin de s'interroger sur la signification des oeuvres exposées.
L'ExB communique ensuite avec son public par le truchement d'indications disposées sur le parcours à la manière de la signalisation routière sur un circuit d'auto-école. Le visiteur est conduit à travers une succession de salles ou d'enclaves qui constituent autant d'étapes initiatiques repérables à leur titre, tels Pneumathèque, Graphes et traces, Rasch/Innig ou Vita Nova. A l'in