Los Angeles correspondance
Karel Reisz, le moins voyant de luminaires du free cinema anglais, entre Tony Richardson et Lindsay Anderson, était peut-être le meilleur cinéaste des trois. Il est mort lundi dernier dans un hôpital londonien, d'une maladie du sang, à l'âge de 76 ans. Comme ses deux compères d'Oxford, avec qui il anima le ciné-club et fonda la revue Sequence, Reisz a partagé son temps entre la scène et le cinéma, encore que, pour lui, le théâtre fut surtout un refuge contre l'échec relatif de ses derniers films. Reisz a réalisé son dernier film en 1990 et a ensuite passé la décennie à mettre en scène des pièces de Pinter et Beckett.
Manifeste. Reisz n'a réalisé que onze films en plus de quarante ans, mais la plupart furent marquants à des degrés divers. Né à Ostrava en Tchécoslovaquie, il fut envoyé à Londres par ses parents à l'âge de 12 ans, avec un de ses frères. Ils ne seront que les deux survivants, le reste de la famille périra à Auschwitz. Après Oxford, Reisz est instituteur, puis critique à Sight and Sound. Il écrit aussi un livre, toujours lu, The Technique of Film Editing. En 1956, il devient programmateur au National Film Theater et c'est dans ce cadre qu'il organise une série de free cinema, qui donne son nom à la nouvelle vague britannique. «Aucun film ne peut être trop personnel. L'image parle. Le son amplifie et commente. L'échelle n'a pas d'importance. La perfection n'est pas un but. Une attitude veut dire un style, un style veut dire une attitude.»