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Libération
Critique

Paco El Lobo, du poulbot au flamenco

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publié le 29 novembre 2002 à 1h56

Invité ce soir du festival globalisant Planètes Musiques, Paco El Lobo est né le 25 février 1953 à Paris. De là, il a entrepris une longue marche qui l'a mené vers la reconnaissance des plus grands flamenquistes, les Gitans de Madrid ou du delta du Guadalquivir, les vieux (Pepe de la Matrona), les morts (Camarón de la Isla) et les vivants (Paco de Lucia).

«Un petit corbeau». Cheveux noirs bouclés sertis de fils gris, visage de navaja, Paco El Lobo vient d'en bas, placements en famille d'accueil et séjours en maisons de correction, entrecoupés de fugues régulières. Une vie qui lui fait préférer aujourd'hui cette copla : «J'ai élevé un petit corbeau/ Pour qu'il puisse voler/ Mais plus tard il m'arracha les yeux.» Chaque flamenquiste a son couplet favori, tel un blason.

La première illumination est une guitare, que lui offre son beau-père pour ses treize ans. Aujourd'hui, ce sont deux ou trois heures d'arpèges par jour, à peine le café du matin avalé. Paco «le Loup» joue une musique claire comme un ruisseau qui serpente, grossit, rue en cascades. La guitare dit que son maître est virtuose dans tous les palos, les styles métis du blues andalou : bulería festive, soleá des paumés, folk fandango, rumba conviviale, tango provocateur. La touche Paco provient de cet imperceptible décalage entre une musique généreuse et un chant tout en sobriété, qui supplie mais ne pleure jamais : «Que la terre s'ouvre/ Je ne veux plus vivre/ Si c'et pour vivre ainsi/ Je préfère mourir.» Afición (passi