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Libération
Critique

Temps d'Afghanistan

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Sept musiciens de référence en concert unique à Paris.
publié le 30 novembre 2002 à 1h56

L'un vient du fin fond montagneux du pays, près de la frontière tadjike, un autre du Pandjchir, trois vivent à Mazar-i-Charif, ville du nord au coeur d'une plaine tapie de tulipes au printemps, le dernier habite Kaboul la détruite. Tous sont des artistes afghans, restés au pays durant les années som bres. La paix les réunit aujourd'hui, non sans mal, à Paris (après Caen), à l'étranger pour la première fois. Pour un concert unique.

«Au commencement, j'étais chauffeur, mais quand la guerre a éclaté je suis devenu moudjahidin. Aujourd'hui, ma main tremble en permanence, je ne peux plus travailler», explique Abdol Madjid Pandjchiri, vieillard sec de 58 ans. Comme son nom l'indique, il vient du Pandjchir, la région du défunt commandant Massoud, qui aimait l'entendre chanter. A sa mort, Abdol Madjid a écrit et interprété un «poème de deuil». Originaire d'un village du Nord, ce fils d'agriculteurs a vu le chant lui tomber dessus à 12 ans. A la maison, dans les champs, partout. «J'ai appris seul, en écoutant.» Bonne oreille, belle voix. Le chant est son fortifiant, sa drogue. «Un jour, il y a douze ou treize ans, on était dans la montagne avec un groupe de moudjahidin, pourchassés par les Russes. On n'avait pas mangé depuis deux jours. Ça n'allait pas fort. Alors j'ai chanté, chanté. Après, on a attaqué.» Soufi Madjid, le surnom qu'on lui a donné, traduit bien l'immense respect dont jouit cet homme que l'on appelle pour les fêtes, ou juste pour le plaisir. «Je n'ai jamais demandé d'a