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Libération
Critique

L'entrain russe

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La nouvelle donne théâtrale en quinze jours de festival parisien.
publié le 2 décembre 2002 à 1h59

Après avoir étonné Moscou, on l'a vu sidérer le festival Passages de Nancy en mai 2001 pour sa première venue en France (Libération du 4 mai 2001), Evgueni Grichkovets a enfoncé le clou au même endroit en mai dernier avant de carboniser de rire le public du dernier Festival d'Avignon. Ce cousin de Buster Keaton relooké par un spécialiste émérite mais dyslexique de l'âme russe persiste (reprise de Comment j'ai mangé du chien) et signe (En même temps) un nouvel opus de ses aventures hilaro-théâtrales (dans le cadre du Festival d'automne), et en ouverture d'un festival Nouveau Théâtre russe lequel, quinze jours durant, va investir plusieurs théâtres parisiens.

A quoi ressemblent Grichkovets, 35 ans, et son théâtre dont il est le meilleur acteur ? A aucun standard russe, et pourtant il y a de la madeleine locale dans son évocation de la marine soviétique où il effectua son service militaire. On est loin de la «grande tradition du théâtre russe», celle qui va de Tchekhov à Fomenko, de Stanislavski à Dodine, ce théâtre des grands maîtres et des grandes pièces. Bien sûr, Grich kovets s'est nourri à ces biberons mais il est parti ailleurs. Vers une sorte d'entre-deux. Il en va de son théâtre au burlesque rêveur comme de sa vie : ce fils de Kemerovo (ville polluée et paumée de la Russie lointaine) a choisi de vivre non à Moscou (centre névralgique) mais à Kaliningrad, étrange bout de Russie exilé entre la Pologne et la Lituanie avec vue sur l'ancienne Prusse et, au-delà, l'Europe occi