Michel Jonasz vient de signer son album le plus inspiré depuis la Nouvelle Vie, en 1981. Vingt ans durant, le chanteur au timbre plaintif s'est escrimé à vouloir renouveler son style à travers des projets d'arrangements aussi ambitieux que discutables, faisant tourner vinaigre un chabada sur des saxos dégoulinants, s'essayant au grand orchestre sur le clinquant d'un beat californien lourdingue. Vingt ans qu'il cher chait à se perdre, de big band en programmations, alors que la solution était d'aller au plus simple.
Comme s'il s'était résolu à appliquer la formule «less is more», le musicien d'origine hongroise revient à ce qu'il sait faire de mieux (des ballades pleurnichardes) dans l'abandon d'un trio piano-basse-batterie. Après avoir frôlé la faillite dans des budgets mégalo, le patron de MJM a abordé son nouvel enregistrement dans l'économie et les méthodes d'une production jazz. En une semaine, en prise directe et sans re-recordings, il a couché les onze chansons d'Où vont les rêves. Difficile d'ailleurs de bloquer plus longtemps un type du renom de Steve Gadd à Paris. Le batteur américain n'a cessé d'être convoité depuis ses premières séances avec Rickie Lee Jones ou Paul Simon dont il assure encore les tournées. Il y a dix ans, Jonasz avait invité le requin de studio sur la distribution américaine d'Où est la source. Alors à son apogée, le chanteur remplissait sans mal cinq ou six Zénith parisiens. «Steve Gadd sait rendre émouvant le groove», dit le Frenchy déplumé.
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