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Libération
Critique

Dingue «Dindon» au Français

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publié le 7 décembre 2002 à 2h02

Il y a dans un compartiment de train deux personnes, et dans le filet à bagages une valise. La présence de cette valise devient si lourde de mystère, que l'un des voyageurs demande à l'autre ce qu'elle peut bien contenir. Il s'entend répondre qu'il y a, là-dedans, l'arme secrète de la marine suisse. Or, chacun sait que la marine suisse, ça n'existe pas. Hitchcock qualifiait de «McGuffin» ce genre d'objet mystérieux soudain si présent dans le plan : un facteur de suspense.

Egrillard. A la Comédie-Française, le metteur en scène Lukas Hemleb, Allemand d'origine qui fait de belles choses en France depuis dix ans, signe une nouvelle vision du Dindon de Feydeau, entré au répertoire en 1951 (avec Jeanne Moreau dans l'un des six rôles de femmes). Il y eut à l'époque débat sur tant de superficialité égrillarde dans le temple du Français. Vieilles lunes. On n'énumérera pas les metteurs en scène qui, depuis quelques années, sont revenus à Feydeau. Comme à une réassurance de leur brio, et de retrouvailles avec le public. Car les gens aiment cela, rire. Or, le rire est là. Intact. Ce rire-ci que déclenchent l'absurde, le langage, le quiproquo, le pataquès, les grosses ficelles de la gaudriole souvent évoquée jamais consommée, et ce génie du rythme, apparitions/disparitions. Car chez Feydeau tout va, et doit aller, vite.

On sait l'importance des portes dans le vaudeville, chez Labiche comme chez Feydeau. Au deuxième acte, la porte cruciale est celle de la salle de bains d'une chambre d'hôte