La publication du programme du festival «Batofar cherche l'Italie», qui débute ce soir (1), est venue confirmer la méchante rumeur qui courait depuis des semaines. La direction artistique du Batofar, regroupée au sein de l'association Made in Boat, quitte le navire qu'elle avait contribué à lancer et dont elle avait bâti la renommée. Si Mona von Cocto, gérant de la SARL Bateau Feu qui exploite les débits de boissons du lieu et coïnitiateur de l'aventure, affirme vouloir «garder le cap», on peut craindre qu'une page soit tournée, après des semaines de luttes intestines affectant un des projets culturels parisiens les plus originaux et attachants.
Avant-garde. Ouverte l'hiver 1999 par une semaine dédiée à Berlin (présentant, pour la première fois à Paris, une des scènes électroniques les plus riches de l'époque), cette salle de concert-club et restaurant flottant, amarrée au pied de la Bibliothèque nationale de France, s'est rapidement imposée. Musical et électronique à 80 %, malgré de louables tentatives de s'ouvrir à d'autres formes d'expression, le Batofar a permis de découvrir d'innombrables artistes. «J'ai l'impression d'avoir animé un club local avec des artistes de quartier plus mobiles que ceux de la scène rock. En quelques mails, un musicien du fond de l'Europe débarquait chez nous avec son ordinateur portable», se souvient Jean-Pierre Boschetti, chargé de la programmation durant trois ans. De quoi rester à l'avant-garde et en avance sur les médias et le public.
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