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Libération
Critique

Un «Coq d'or» kabuki

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publié le 16 décembre 2002 à 2h09

Moment attendu de la Saison russe du Châtelet lancée à l'automne : la reprise du Coq d'or de Rimsky-Korsakov dans la mise en scène d'Ennosuke Ichikawa créée en 1984. Jean-Albert Cartier, alors directeur de la maison, était fidèle au caractère onirique du conte de Pouchkine et à la dramaturgie antiréaliste de l'opéra qu'il avait inspiré, lorsqu'il passa commande à la superstar du kabuki, cet art mêlant musique, danse et jeu d'acteur, mais également styles, épo ques et mondes, comme l'opéra occidental. Diaghilev avait même souligné le caractère antinaturaliste de cette fête d'images, de couleurs et de mouvement, lorsqu'il programma le Coq d'or en 1914, dans sa fameuse saison de ballets parisienne. Certes, derrière la naïveté du livret, certains ont cru lire une charge anti-impériale de la part de celui qui se désolidarisa du très nationaliste Groupe des cinq.

Epure. Ce n'est pas plus le propos d'Ichikawa, que celui de Kent Nagano qui dirige l'Orchestre de Paris dans cette reprise agrémentée de nouveaux costumes signés Tomio Mohri, et d'éclairages du maître Jean Kalman. Dès l'ouverture, on peut préférer la baguette d'un Gergiev. Attaché à rendre le niveau d'épure et de concision de cette dernière partition lyrique de Rimsky-Korsakov, Nagano ne joue ni l'option de la fougue et du souffle, ni celle de la rutilance exotique. L'Orchestre de Paris préparé et attentif, fournit néanmoins un cadre sûr à la géométrie soignée des mouvements et à la symétrie de couleurs pour le coup éclata