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Chantilly rêve de l'Aga Khan

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Le domaine, en péril, se cherche des mécènes.
publié le 18 décembre 2002 à 2h11

Chantilly (Oise) envoyé spécial

«Pourquoi m'a-t-on emmené sept fois à Versailles et jamais ici ?» En 1968, le président Richard Nixon découvre le domaine de Chantilly et, comme bien d'autres avant lui, il est ébloui. A quelques encablures au nord de Paris, dans l'Oise, les 7 800 hectares réunis par les princes de Condé forment un pays de cocagne et de culture sans équivalent. Trois châteaux dont une merveille Renaissance du XVIe, des Grandes Ecuries du XVIIIe universellement considérées comme le plus beau monument jamais dressé à la gloire du cheval, le musée Condé qui, selon Pierre Rosenberg, renferme «la plus riche collection de peintures classiques après celle du Louvre». Et puis encore un parc de Le Nôtre, que celui-ci voyait comme sa création la plus réussie, une forêt magnifique et l'hippodrome le plus sélect du globe. Le domaine de Chantilly est un territoire superlatif, qui a toujours vécu dans une relative discrétion.

Héritage. Or Chantilly fait naufrage. Lentement, mais peut-être irrémédiablement. Les bâtiments et le parc se dégradent, nécessitant d'urgence des travaux pour un montant qu'Etienne Poncelet, architecte en chef des Monuments historiques, vient d'estimer à 50 millions d'euros. Pour une remise à flot durable, la facture serait de près de 150 millions d'euros sur trente ans. «La priorité des priorités, indique-t-il, est la réfection du système hydraulique (canaux de Le Nôtre, bassins, berges), car de lui dépendent la stabilité des sols, la végétation et la