Jeanne Moreau, 74 ans, est en forme. La chanson la met en joie. Une vivacité rieuse et sarcastique, qui fait retour sur des dizaines d'airs désormais réunis en un coffret long box élégant, et plusieurs décennies d'amitiés, de rencontres, d'amours, toutes chantées, racontées ici non sans nostalgie mais avec la certitude que «la vraie vie est là». Là, quand «chacun pour soi est reparti dans le tourbillon de la vie».
Que pensez-vous du coffret de Noël ?
Je l'ai découvert en même temps que vous. Je n'ai participé ni au choix ni à la conception de la chose. Ça ne m'intéresse pas.
Vous ne réécoutez pas vos chansons ?
Non, pourquoi ?
Votre carrière de chanteuse...
Pas de carrière de chanteuse, n'employez pas cette expression, ça m'agace. Je suis une personne qui joue la comédie. J'ai eu la chance de pouvoir chanter, mais c'est un prolongement naturel de la comédie. Moi, je rêvais d'être danseuse. Si j'avais suivi ma mère quand elle s'est séparée de mon père, j'aurais eu une carrière anglo-saxonne, sûrement de danseuse. C'était ça ma passion, adolescente. A la limite, le music-hall. C'est comme ça. Je n'ai jamais choisi ; la vie m'a choisie. Bon, j'ai décidé à un moment d'être comédienne. Et je suis têtue dans ces cas-là. Mais c'est avant tout parce que je n'avais pas pu être danseuse classique. Comédienne, ça mène à tout. On peut écrire, faire de la mise en scène de théâtre, de cinéma, chanter...
La chanson, c'est venu comment ?
A l'école, il y avait des cours de chant, des chorales. Moi, j'allais à Edgar-Quinet. On passait l'année à préparer un spectacle : «Là-bas sous l'ombrage des arbres touffus» (elle chante) ou la S