«J'avais 24 ans quand mon père m'a giflé et ne m'a plus parlé pendant trois ans. Je lui avais demandé de l'argent pour me lancer dans la musique», se souvient Ibrahima Sylla, fils de dignitaire religieux du Sénégal, premier producteur de la Françafrique, patron du label Syllart Productions, éditeur de près d'un millier d'albums de musique africaine. Né en Côte-d'Ivoire «dans les années 50», ce beau gars au crâne ras grisé, fine moustache, saisit ses lunettes (presbyte) pour examiner un fax arrivé sur son grand bureau blanc. Concentré sur des colonnes de chiffres, n'écoutant plus personne, l'homme donne des ordres dans l'un de ses deux téléphones, puis à ses assistants du bureau voisin. Nous sommes à Syllart Productions ; soit deux pièces proches de la mairie du XVIIIe arrondissement parisien. Ibrahima Sylla fête ses vingt ans de production avec un coffret de cinq CD découpés en autant de thèmes. Sénégal, Congo, Mali, Racines/Roots, West African Dance. Le recueil résume pratiquement toutes les facettes du genre en quelque soixante-dix chansons.
Fils de théologien. Si vous prononcez le nom d'un artiste d'Afrique francophone, il y a des chances pour qu'Ibrahima Sylla l'ait produit. Superstars (Koffi Olomidé, Salif Keita, Alpha Blondy, Youssou N'Dour, Baaba Maal, Ismaël Lô...), vedettes (Sam Mangwana, Omar Pène, Thione Seck, Ami Koïta, Oumou Sangaré, Zaïko Langa Langa, Africando), et autres Gnonas Pedro, Saadou Bori, Fode Baro, Thio Mbaye, Fissa Maïga, Sekou Kouyaté... tous prése