Sur le plan des salles à l'entrée, la part réservée à Franck Scurti est en rose. Les salles de l'autre artiste exposée simultanément, Martine Aballéa, sont en bleu (Libération du 12 décembre). En vérité, Franck Scurti apparaît, dès avant, comme l'auteur d'une énigme anonyme. Sur le mur d'enceinte de l'hôtel Salomon de Rothschild qui sert de cadre au Centre national de la photographie apparaissent en effet quelques grandes lettres argentées qui, suivant qu'elles luisent ou non, annoncent le lieu de façon lacunaire. Comme si ce logo avait été posé depuis très longtemps et que certaines lettres, comme des dents, s'étaient abîmées. Le reste se trouve à l'intérieur.
Déchirures du réel. Le travail de Franck Scurti (né en 1965 à Lyon), dans sa double exposition il est également au Palais de Tokyo , consiste à faire des objets avec des images, et réciproquement. Ou plutôt à produire ou à émettre avec des moyens empruntés à d'autres médiums, généralement considérés comme inopérants ou inadéquats. Exemples : cette carte de France faite de l'entrejambe et de la braguette d'un vieux blue-jean, augmenté à l'Est bien au-delà des limites hexagonales (Sans titre/Cool Memories, 1999). Ou cette paire de chaussures usée, restaurée, cirée puis ressemelée (Street Credibility, 1997), dont les semelles de caoutchouc sont sculptées comme un plan de ville et les lacets défaits composent une somme de trajectoires. Ou cette image jaunâtre, légèrement pétillante, d'un coin de circulation urbaine où i