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Libération
Interview

«L'objet parfait n'est pas humain»

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publié le 23 décembre 2002 à 2h14

Ca semble dégouliner, se briser, se gonfler, sautiller... Tous les objets, parfois indéfinis, de l'architecte-designer Gaetano Pesce racontent une histoire accidentée. Depuis trente ans, cet explorateur figuratif fait subir aux matériaux nouveaux ­ plastique, résine, mousse, feutre, verre ­ de drôles d'expériences. L'exposition du musée des Arts décoratifs, complétée par celle de la galerie Peyroulet, en témoigne. Sans faire scandale, comme en 1975, quand, dans le même lieu, il déclarait : «Le futur est peut-être le passé.» Son univers domestique ne choque plus. Disposés sur des bidons jaunes, table, buffet, étagères, chaises, tabourets et fauteuils forment un intérieur de pièces anthropomorphes en résine ultracolorée. Dossier en forme de masque, étagères un peu penchées, buffet aux contours flous... Cette famille de mobilier, élaborée avec l'entreprise Zerodisegno, proclame : «Nobody's perfect». Pesce s'évertue à inverser le propos du design, la reproduction parfaite et défend la diversification dans la série.

Cet agitateur radical, né à Venise en 1939, est passé de la peinture au design. En Italie, en France, où il a longtemps vécu, à New York, où il travaille depuis vingt ans, il n'a cessé, de happenings en expositions, de railler le modernisme lisse, de provoquer le design. De sa rencontre avec l'éditeur Cesare Cassina dans les années 60, mariage entre singularité artistique et industrie éclairée, naîtront les pièces très expressives qui ont fait son succès. Comme un volu