Il avait photographié Madonna et les plus belles filles du monde, des garçons habilement musclés, le Tout-Hollywood, Nancy Reagan, Tracy Chapman et même la main du dalaï-lama. Portraitiste urbi et orbi, Herb Ritts est mort le lendemain de Noël, à Los Angeles, des suites d'une pneumonie, a annoncé son agent, Stephen Huvane. Il avait 50 ans. «Si on considère mon travail dans la durée, il est évident que je ne me borne pas à photographier les gens célèbres» (1), aimait-il à répéter, voyant «une dénomination réductrice» dans l'appellation «photographe de stars». Pourtant, c'est dans ce face-à-face avec les célébrités qu'il trouva la gloire et peaufina son style, avec un noir et blanc d'une densité parfaite qui allait servir de parure à nombre de visages et de corps imprimés dans les magazines new-yorkais et européens.
Coup de hasard. Né en 1952, Ritts grandit à Brentwood, au nord-ouest de Los Angeles, loin des paillettes, même s'il a comme voisin Steve McQueen qui l'emmène parfois faire un tour à moto dans le désert. Un père qui crée du mobilier, une mère douée en décoration intérieure, rien ne pousse Ritts vers le clic-clac si ce n'est, en 1978, un coup de dés et de hasard avec Richard Gere, alors jeune premier aux cheveux longs. Une série de photographies improvisée dans une station-service, où l'apprenti-charmeur pose en héros à la Kerouac, paraît tout à coup dans trois magazines. Et c'est parti. Très vite, il se débrouille : «Par mes origines et mon éducation californiennes,