La toile respire la sérénité. Des rochers léchés par la mer, de longs oiseaux blancs dans un ciel rosé... Si l'on regarde bien, tout au fond voguent deux voiliers. L'un d'eux est Vingilot, «Fleur d'écume», le plus beau navire jamais chanté, construit par Eärendil. Ses rames sont vermeilles, ses flancs blancs et ses voiles argentées comme la lune. On est dans le merveilleux.
Délicatesse et luminosité. Le Départ de Beleriand est une illustration de John Howe, réalisée pour le Silmarillon de J.R.R. Tolkien, exposée au Centre culturel canadien. Cent vingt autres peintures d'un des plus fervents illustrateurs de Tolkien l'accompagnent. Elles sont plus souvent sombres, «torturées» diraient certains («Je ne refuse pas qu'on me dise sombre et torturé : je prends ça comme une évidence graphique et non comme un conseil pour me faire soigner», remarque Howe). Là, c'est une monstrueuse araignée, l'A rach ne, issue du bestiaire du Seigneur des Anneaux, qui fonce sur Frodon. Plus loin, c'est Gandalf le magicien qui se détache dans un vif camaïeu de verts. Tout l'univers des Terres du Milieu saisi par les pinceaux de Howe. Délicats et empreints d'une étonnante luminosité. Le Canadien, Suisse adoptif depuis 1985, n'a cessé de transmuer les textes de Tolkien en images. Depuis ses premiers dessins d'étudiant envoyés à Harper & Collins, jusqu'aux milliers de croquis réalisés sur le tournage de la trilogie de Peter Jackson, en Nouvelle-Zélande.
«Illustrer Tolkien, c'est décider de ce qui doit res