Tokyo de notre correspondant
Shoichi a 45 ans, une CX rutilante et, dans la boîte à gants, de quoi organiser sur-le-champ un bal populaire bien de chez nous : Adamo, Sylvie Vartan, Richard Anthony... «Je connais les paroles d'au moins une dizaine de chansons», fanfaronne ce fan d'automobile française, venu fin septembre rejoindre plusieurs milliers d'autres mordus à leur rencontre annuelle de Kurumayama, près de Nagano. Bienvenue au Japon bleu-blanc-rouge qui assure à l'industrie française du disque une rente de situation antipodique. Francophiles, ces Japonais au coeur tricolore ont fait la gloire de Claude Ciari, de Tombe la neige ou de Birkin, dont le dernier album est parti ici à 300 000 exemplaires. Ils cultivent Gainsbourg, se piquent de Boris Vian comme des Sucettes de France Gall et ont défailli devant Amélie Poulain, dont la bande musicale s'est vendue à 50 000. «S'ils voulaient se déplacer et décarcasser un peu, Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman ou Souchon feraient un tabac ici», déplore le directeur du bureau export de la musique française qui dispose depuis un an d'une antenne à Tokyo.
Eclectisme. Un coup d'oeil sur les succès musicaux français locaux révèle que la caricature a la peau dure. Oui, les Japonais aiment la France, donc la chanson. Sylvie Vartan y a vendu son million d'albums. Gainsbourg est idolâtré : «La France vend sa musique sur son image. Les deux vont ensemble. C'est indissociable», explique l'époux japonais de Françoise Morechand, connue dans