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Libération

Fiedler, l'olibrius des campus, a tourné la page

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Mort du critique littéraire américain qui avait défrayé la chronique dans les années 60.
publié le 3 février 2003 à 22h06

Leslie Fiedler, le vieux provocateur de la critique américaine en vogue dans les années 60 qui avait été poursuivi pour possession de marijuana en 1969 (et acquitté trois ans plus tard), et l'auteur du classique de campus Love and Death in The American Novel, est mort mercredi à 85 ans. On a peine à croire aujourd'hui la fureur que causaient ses essais, ou la ferveur avec laquelle ils étaient discutés sur les campus contestataires ­ même si ce truculent barbu était en grande partie snobé par la critique et l'Académie de son pays. Natif de Newark dans le New Jersey, il a en partie payé ses études en vendant des chaussures pour dames et n'a que brièvement fréquenté Harvard. De même, il a enseigné toute sa vie, d'abord à l'université du Montana de Missoula, ensuite à Buffalo dans l'université d'Etat, où il se trouvait encore à sa mort.

Tabou. Cet olibrius s'était fait connaître dans les pages de la très new-yorkaise, juive et intellectuelle Partisan Review, avec Reviens sur le radeau, Huck trésor, un essai sur Mark Twain dans lequel il amorçait son examen des classiques américains, sous des angles alors tabous comme les particularités raciales et sexuelles, développé plus tard dans Love and Death. Son style et ses positions en agaçaient plus d'un, et au fil des ans, son discours volontiers strident avait perdu cours, enseveli sous les tombereaux de la critique structuraliste et poststructuraliste dominante. Ses livres (le Chinois d'Amérique, le Retour du Peau-Rouge, tous deux au