Quoi faire quand c'est fini ? La reconnaissance est dans l'instant. La tête d'abord inclinée forcément avec le buste ou pas. Les mains ensuite prendre celles du partenaire ou pas, puis les lever ou les serrer près de soi. Enfin, comment arriver et comment partir de ce qu'il faut bien appeler une position incommode.
Dans le «venir saluer», il y a cette descente vers la face, cette avancée vers les spectateurs, cet aller à la rencontre. Plus qu'un rituel, le signe d'une communauté, cette manière de s'incliner, de s'enchaîner les uns aux autres, les unes aux autres en d'infinies variations, presque des gestes sacrés. Etre et se mettre à la merci, demander, attendre quelconque merci, quelconque bénédiction. Se mettre en lumières ; pleins feux qui nettoient tout : spectacle, personnages, intrigue, et la salle reste dans l'ombre. C'est un aveu involontaire. Les spectateurs peuvent à loisir détailler la personne civile des acteurs ; ceux-ci l'acceptant de bonne grâce mais sans jamais atteindre la fusion.
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Comment les acteurs pourraient-ils, à l'instar d'Artaud, s'enfuir jusqu'à leur loge, emportant ainsi leur personnage, sans avoir pris le soin de s'en défaire. Cette affaire pourrait se révéler dangereuse à la longue. Il leur faut marquer là la limite et la fin par les postures du salut. Le «venir saluer» comme palier pour redescendre parmi les mortels en une sorte de conciliabule, un temps immobile, de part et d'autre, un soulagement chaleureux. «Le risque fut grand dans cet