envoyée
spéciale à Pougues-les-Eaux
Le visiteur s'est arrêté sur le seuil, perplexe, se demandant si les buveurs de thé installés dans le coin salon faisaient partie de l'exposition. Olga Kisseleva, l'artiste, s'est levée, a souri et proposé une tasse de thé. L'invite gustative d'abord, à base de cornichons, vodka et thé épicé. Puis l'appel culturel à se saisir de cet appartement, «augmenté» d'une réalité saint-pétersbourgeoise : sur la table basse, des journaux en cyrillique, à la télé une chaîne-satellite russe, sur le bureau de l'ordinateur un échantillon de sites web touristiques, artistiques, pratiques, sur l'ancien Leningrad. Ou comment recréer une autre réalité virtuelle que celle du cyberespace.
Petits riens. Ici, la déco (canapé bleu sobre, fauteuil rouge moderne, pouf jaune canari, table à manger standard, lit une place) n'indique presque rien. N'étaient les étiquettes attachées aux objets, en cyrillique aussi, l'appartement pourrait tout aussi bien être anglais ou américain (1). Il faut prêter attention au titre de l'exposition, Si loin, si proche, pour trouver une piste, se pencher sur ces petits riens qui modèlent une identité culturelle, créent les différences d'un pays à l'autre. Voyageuse forcenée, la blonde Russe convie la France rurale à un voyage immobile, imaginaire, sorte de pérégrination dans nos sociétés standardisées.
Au rez-de-chaussée, dans l'immense nef qui fut jadis l'usine d'embouteillage de la source gazeuse de Pougues-les-Eaux, entre Paris et Never